Bien sûr, il est facile de comprendre que "La Chaberterie" s’appelle ainsi parce qu’il y avait plusieurs familles Chabert habitant ce hameau. Et un peu de connaissance de l’occitan permet de deviner que La Prade veut dire le Pré… mais il y a des noms plus obscurs.
Prenons Daüs, par exemple, dont on pourrait croire que c’est un dérivé de "dieux", ce qui nous inciterait à penser qu’on entretenait un culte religieux dans les anciens temps. Et bien, c’est une hypothèse bien peu certaine ! en effet, nous dit M. Pouliquin, de Mercuer, passionné de toponymie, Daüs aurait une origine différente.
M. Pouliquin, qui s’appuie sur un ouvrage de François Falc’hun Noms de lieux celtiques, nous dit cela avec une grande humilité de chercheur, évitant d’affirmer comme absolue l’hypothèse qu’il émet. Cependant, sa suggestion sur l’origine de ce nom de hameau est très intéressante : il existe un mot celtique qui survit en breton sous forme de "tosse", signifiant "tertre", "colline". L’article féminin de "an", et lorsqu’il est placé devant le mot "tosse", entraîne l’adoucissement de la première lettre T en D, ce qui donne : "an dosse, la colline.
Avec une initiale T ou D, et après de nombreuses variations et déformations, on retrouve ce mot en plusieurs endroits : le col de Tos, en Hautes-Pyrénées, le Taus, en Ariège, le Cap de la Dosse, le Tus de l’Adosse, et, en Gironde et en Dordogne : Lados et Ladosse. Plus près de nous, en Ardèche, on retrouve la Montagne d’Andance, à l’est de Privas, le Serre de Danse, à Lachapelle, le Serre de Doux, à Saint-Vincent-de-Dufrot. Et, bien sûr, notre plateau de Daüs.
Montagne, serre, plateau des sites élevés. Les termes, Andance, Danse, Doux, Daüs, pourraient provenir de la racine "Tosse", les différences de formes venant de la disparition de la langue gauloise et de déformations différentes selon les lieux lors du passage de la langue parlée à l’écriture : de tout temps, les scribes, les clercs de notaire, cartographes ont eu tendance à utiliser une orthographe souvent fantaisiste, se rapprochant d’autres mots qu’ils connaissaient.
Dans la montagne d’Andance, on reconnaît l’article "an", qui a entraîné la mutation de T en D de "dosse" a probablement été écrit "au", ce qui s’est transformé en "an" (en lettre minuscule, le u et le n peuvent se confondre aisément).
Pour "Danse", "Doux", "Daüs", il y a eu la chute de l’article. Alors le Serre de Danse est devenu, dans l’imagination populaire en quête d’explication folklorique, "la colline où dansent les fées". Et comme dans le Midi on a tendance à prononcer toutes les lettres, on peut rapprocher le serre de Doux, du quartier les Douces, sur les hauteurs de Vesseaux.
Enfin, pour Daüs, on trouve les formes Deux et Dahiut du XVIème et XVIIIe siècles, et M. Pouliquin a trouvé d’autres formes pour des sites de hauteur : Dahu, dans la commune de Lubilhac en Haute-Loire, et Dieusse à Saint-Brès et à Chamborigaud, dans le Gard.
Notre Daüs s’est écrit Deusse et deus, et on peut penser que, pour éviter la confusion avec le mot latin Deus (Dieu), les scribes ont proposé la forme Daüs.
Être à Daüs, ce n’est pas être au ciel, mais c’est déjà s’en rapprocher…
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